31/05/2005: Les travailleurs de Degussa votent contre la proposition unilatérale des patrons

Un sous-marin pour une vraie augmentation salariale
Les travailleurs de Degussa votent contre la proposition unilatérale des patrons

La semaine dernière, chez Degussa (chimie) à Anvers, on votait à propos d’une proposition unilatérale des patrons. Celle-ci comportait une hausse des salaires de 35 à 45 cents (selon la fonction occupée au sein de l’entreprise). Mais elle n’apportait rien de plus sur le plan de la sécurité d’emploi exigée. 56,5% des travailleurs ont finalement voté contre.

Ward Coenegrachts
01-06-2005

Parmi des infos sérieuses données par des travailleurs sur les revendications salariales, un peu d’humour : remplacer les Flandria amenant les non-grévistes par un sous-marin…
En combinaison avec une série d’autocollants «Deux poids deux mesures» qui ont été collés partout dans l’usine, cette résistance originale a créé le réchauffement nécessaire aux négociations.


L’enjeu réel du vote était plus important que la seule nouvelle convention collective de travail (CCT). La tentative de la direction visant à faire approuver aux travailleurs une proposition de CCT rejetée par les syndicats est une retombée de la grève de janvier. A l’époque, Degussa avait fait grève durant 10 jours pour la sécurité de l’emploi, la sécurité au travail et contre les restructurations. La direction était parvenue à briser la grève, mais la victoire morale restait dans le camp des travailleurs.

Au cours des premiers jours des négociations autour de la CCT, il s’est avéré que la direction refusait de répondre aux revendications des travailleurs : 60 cents d’augmentation de l’heure et une sécurité formelle de l’emploi. Pour mieux briser encore la force des syndicats, trois mois après la grève, la direction sortait sa propre proposition de CCT. Elle y proposait une augmentation plus forte que celle acceptée dans les autres boîtes du secteur: entre 35 et 45 cents de l’heure. La veille du vote, chez Agfa-Gevaert, on avait encore accepté une CCT avec une augmentation de 24 cents.

Profit +126%, augmentation salariale réclamée +4% en plus de l’index

Malgré cette proposition à première vue alléchante, une large majorité des travailleurs, soit 56,5%, a suivi l’appel des syndicats à rejeter la proposition. Il n’était que trop clair que la direction aurait mis à profit une éventuelle victoire pour poursuivre avec plus d’ardeur encore sa politique actuelle : ne rien concéder et accroître encore les restrictions.

Une hausse salariale sans sécurité d’emploi à la clé est en outre un attrape-nigaud : la direction peut facturer aux travailleurs chaque cent d’augmentation en supprimant des emplois. Et l’augmentation salariale proposée est encore très maigre. En 2004, les bénéfices de Degussa Anvers s’élevaient à 22 millions d’euros, soit plus de 900.000 francs par travailleur. Une hausse de 126% par rapport à 2003. Les 60 cents d’augmentation réclamés ne représentent même pas 4%.

Le début des négociations autour de la CCT s’est caractérisé par des actions créatives de la part des travailleurs. Quelques jours avant le début des tractations, un anonyme est parvenu à adresser un power-point à diverses unités de production de l’usine. L’auteur y mettait en exergue les exigences de la base: 60 cents de l’heure et la sécurité de l’emploi. Suivaient des photos de la grève de janvier. Mais le succès de la présentation venait surtout de l’humour de sa note finale. Faisant allusion aux bateaux «Flandria» que la direction avait loués en janvier pour amener des jaunes sur les sites de l’usine: «Pour ceux qui veulent venir travailler en ‘Flandria’, voici notre nouvelle acquisition» (voir photo). En combinaison avec une série d’autocollants «Deux poids deux mesures» qui ont été collés partout dans l’usine, cette résistance originale a créé le réchauffement nécessaire aux négociations.

Maintenant que la proposition patronale a été rejetée, il va falloir fixer une nouvelle date pour l’assemblée de conciliation et attendre pour voir si la direction a fini par comprendre que les travailleurs ne céderont pas sans une réelle réponse favorable à leurs revendications.


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A propos Romain de Courcelles

militant communiste courcellois a/conseiller communal PCB et UCPW
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